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Récit de Cécile (2012)

Où et comment l'aventure a-t-elle commencé?

Chez Mad, par une tête de veau sauce gribiche? Dans l'aéroport d'Orly, vide à 3 heures du matin? Lors de l'escale de 10 heures, qui nous permet de visiter Lisbonne et nous régaler de "lulas" dans leur encre?

Bref, après ces quelques péripéties, Mad et moi retrouvons Fabrice à Terceira le 24 juillet, un peu tard et bien fatigués, et faisons connaissance avec Carriacou : le voyage commence bien, par une bonne nuit!

La météo n'est pas totalement idéale : un peu trop de vent, un peu trop dans le nez, il y a mieux pour commencer... Nous profitons donc de l'attente pour visiter Angra : le village est agréable, les bières bien fraîches, et les quelques boutiques nous permettent de faire les dernières courses. La visite du fort et la vue sur la caldeira achèvent notre visite. Nous pouvons partir, sans doute alourdis de quelques kilos dus à l'excellente cuisine locale : ragoût de poulpe, patelles à l'ail, "alcantra regional"... Le tout arrosé de vinho verde, ça fait glisser!

En revanche, je suis un peu déçue par le fameux "anticyclone des Açores" : comment une masse d'air froid et sec peut-elle créer ce temps doux et perpétuellement (ou presque) brumeux? On m'aurait menti?

Le 27 juillet, c'est le départ! Il était temps : si on tarde trop, il sera trop tard à l'arrivée pour fêter l'anniversaire de Véronique.

Je profite de cette magnifique première journée pour rendre mon midi et mon quatre heures aussi, et faire connaissance avec mes deux meilleurs amis : le seau et Scopoderm... Un bon souvenir, quand même : les dauphins qui escortent Carriacou!

Après une bonne nuit (sans quart, merci à Fab et Mad), ça va mieux : accro à Scopoderm, mais je lâche le seau... Ouf!

Notre quotidien se met en place, avec quelques rituels immuables.

La cuisine, faite le matin par Mad pour les repas du midi et du soir. Mad est le meilleur cuisinier de nous trois, et survit très bien à l'intérieur. Pour moi, la durée de la vaisselle est un maximum...

Instant sacré, la sieste : nous prenons des quarts de nuit, mais aussi des quarts de sieste le jour, il faut bien récupérer!

L'apéro, autre rituel indispensable : le plus souvent à la Sagres, qui aurait pu être notre sponsor vu notre enthousiasme renouvelé chaque soir!

Enfin, dernier rituel de la journée, le coucher du soleil : le ciel à 360 ° est un spectacle permanent, avec un point culminant le soir, lorsque le ciel s'embrase. On ne s'en lasse tellement pas que nous sommes trois, tous les soirs, à prendre en photo le ciel, et à tenter de capturer le rayon vert... Mission accomplie sur un film de Mad!

Pour les quarts, Fab commence à 20h, jusqu'à minuit : il en profite pour prendre la météo, ce qui lui permet de passer ensuite les consignes pour la nuit, top organisation! J'enchaîne de minuit à quatre heures (le fameux zérac de la Marine Nationale), avec le soutien des livres audio pour passer le temps. Puis je réveille Mad, qui tient jusqu'à huit heures, voire un peu plus selon notre propension à la grasse mat'...

Les premiers jours, la sensation d'être seuls au monde est forte : pas un bateau à l'horizon ni sur l'AIS, pas un avion dans le ciel... Pour moi, qui n'ai que rarement perdu la terre de vue, c'est une drôle d'impression…

Mais il y a mieux pour nous tenir compagnie : nous croisons des baleines, en fait plutôt des rorquals, mais une baleine tout le monde sait ce que c'est, et c'est sympa! Enfin, c'est sympa mais ça souffle fort, c'est gros, et pas si loin que ça... Bref, tant qu'elles ne viennent pas nous voir de trop près, c'est parfait!

Nous voyons aussi une tortue dans notre sillage et sommes plusieurs fois accompagnés par des dauphins, vraiment sympa!

La nuit aussi, la mer est assez fréquentée. Pendant l’un de mes quarts, je crois entendre un souffle, malgré les écouteurs de mon mp3. Je les enlève… rien : tout va bien, pas de baleine ce soir ! C’est plutôt une bonne nouvelle, car Fab raconte une histoire de cachalot qui ne fait pas rêver…

Mais ça recommence, et cette fois-ci ce sont plusieurs souffles, avec et sans les écouteurs : cinq ou six ailerons noirs émergent sur bâbord, tout près ! En cherchant bien, je pourrais les toucher… Les propriétaires des ailerons sont gros, environ la moitié de la longueur du bateau : des orques ? Je ne suis pas fière… par principe, et aussi parce que j’ai lu récemment les récits de fortunes de mer du supplément de V&V que Fab a eu l’excellente ( ?) idée d’amener dans le bateau ! Carriacou est en alu, ils ne vont pas le couper en deux, mais sans doute pourraient-ils le renverser ? J’essaie de me raisonner : ils vont bien finir par partir…

Comme ils ne partent pas, qu’ils sont toujours aussi gros et nombreux, je descends réveiller Mad (le pauvre) avant son quart. En fait ce ne sont pas des orques, mais des dauphins : leur aileron n’a pas la même forme. Totalement inoffensifs et plutôt affectueux, ils continuer à nous escorter, tantôt à côté de nous, tantôt dans notre sillage.

Renseignement pris plus tard, ces dauphins sont des globicéphales noirs, les adultes peuvent mesurer 5 à 6 mètres et peser plusieurs tonnes : gentil, mais impressionnant !

Nous avons plutôt de la chance avec le temps : il fait beau, la mer est calme et le vent nous pousse au portant sans nous malmener…

Jusqu'à cette fameuse nuit, où je n'arrive pas à dormir à cause du bruit que l'eau fait le long de la coque : je croise les doigts pour qu'il ne soit pas l'heure de mon quart, mais immanquablement elle arrive, il faut sortir... Je trouve que ça bouge beaucoup, le ciel et la mer me semblent verts, je ne me sens pas du tout de prendre mon quart seule par ce temps... Fab fait donc double quart (merci!), ce qui lui permet de profiter de la "soirée paillettes" : une vague un peu plus grosse et sournoise que les autres parvient à nous tremper totalement, le plancton phosphorescent illuminant le cockpit!

Ça ne dure pas longtemps, le beau temps revient, et nous permet de hisser le spi : la classe, même si personne n'est là pour nous voir! Le quart de nuit sous spi, pas mal non plus : la voile éclairée par la lune sur fond d'étoiles, magnifique! Nous avons même une journée de calme plat : comme il fait chaud, nous en profitons tous pour nous baigner, et nous laver (même Fab...).

Après le calme plat, et une session de moteur, nous avons une bonne journée de près : c'est un peu moins drôle, ça bouge vraiment en bas, et je fais en sorte de ne pas traîner à l'intérieur... Le repas du midi est un peu plus simple : purée-spam.

Le meilleur moment de cette journée reste pour moi le petit déjeuner, instant magique où j'ai découvert les vertus du Philadelphia sur grillé Pelletier : nourriture idéale du marin un peu secoué!

Après quelques les jours de solitude totale, nous avons commencer à croiser la route des cargos, avec quelques pics à 6 en même temps sur l'écran de l'AIS : quelle foule! L'AIS c'est top : il ne dispense pas d'assurer la veille, mais indique clairement la route des autres bateaux et permet de cibler la surveillance.

Aucun problème avec les cargos croisés : ils ont l'AIS, sont correctement éclairés, et suivent une route rectiligne, à vitesse constante.

La terre approchant, nous changeons de cap pour viser la Rochelle, et faisons la connaissance avec deux bateaux de pêcheurs : moins cordiaux que les cargos, l'un comme l'autre nous oblige au virement de bord… de nuit pendant le quart de Fab. Pas très sympa, voire dangereux, certes ils sont prioritaires… j'y repense quelques mois plus tard en apprenant la collision de Kito de Pavant : http://www.vendeeglobe.org/fr/actualites/article/2897/les-premiers-mots-de-kito-apres-l-accident.html

Le voyage touche à sa fin... Une petite douche, à l'eau douce cette fois, pour faire illusion une fois arrivée à terre, et c'est parfait!

La terre se dessine derrière un voile de brume côtière : mais la météo ne nous laisse pas vraiment le temps de réaliser, car le vent forcit, et l'entrée dans le port des Minimes est un peu sportive!

Au port, nous retrouvons Joëlle et Véronique et prenons notre première douche chaude depuis deux semaines!

Le dimanche, dans les rues de la Rochelle, la foule est impressionnante… Nous nous régalons aux "4 Sergents", dont Fab nous vantait la cuisine depuis le départ des Açores!

Cécile D.


Date de création : 17/05/2015 20:22
Catégorie : Récits de voyages -
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