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6 décembre 2008 - Départ de Paris pour Lanzarote.

Après une escale à Madrid et quelques négociations ardues pour pouvoir monter dans l'avion avec des bouts (« vous pourriez attacher l'équipage avec vos cordes ! ») et un hydrogénérateur (« vous pourriez fracasser la tête du pilote ! ») nous arrivons le soir sur l'île de Lanzarote.

Quand j'écris « nous », c'est, votre serviteur, Philippe et Alain (deux équipiers de choc qui ont répondu à une annonce sur la bourse des équipiers).

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Après une bonne nuit de sommeil dans une « hosteleria » bon marché, nous embarquons le lendemain matin avec le ferry qui nous dépose sur l'île de Graciosa où l'on retrouve Carriacou en parfait état (à part quelques traces de rouille sur les chandeliers et autres pièces en inox).

Le 8 décembre, nous quittons Graciosa pour le port de Las Palmas. La navigation se passe bien mais les eaux Canariennes n'ont pas trop changées, ça remue dans tous les sens. Le 9 au matin nous sommes en vue du port de Las Palmas. On rentre dans l'avant-port à la voile, on démarre le moteur,... erreur !  on ne démarre pas le moteur car ce bourricot refuse de nous écouter ! Qu'à cela ne tienne, on fera ça à la voile comme autrefois. Le vent est idéalement orienté et l'on rentre au portant dans le port. A peine arrivé, le maître de port nous passe un savon pour cette manœuvre qu'il juge dangereuse.

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L'urgence de la journée c'est de réparer le moteur. Je file chez un motoriste pour le pré-alerter sur une possible intervention à réaliser au plus vite. Revenu au bateau, qu'elle ne fut pas ma surprise que de voir Alain avec à la main, le démarreur du moteur en pièces détachées.... (léger moment d'angoisse pour le skipper). Les deux compères semblaient s'être donnés le mot pour démonter pièce par pièce le moteur, tout ça sans le moindre doute sur leurs capacités !

Tout en essayant de penser à autre chose qu'au moteur en pièces détachées, je pars régler la capitainerie. Ceci fait, à mon retour à bord, le moteur était premièrement remonté et deuxièmement réparé (une cosse dessertie)... je devais me rendre à l'évidence, j'avais bel et bien à mon bord deux experts diésélistes... rassurant pour la suite du programme.

Le 11 décembre la phase avitaillement débute.

A Las Palmas c'est assez facile, on va au Corte Ingles, on achète ce que l'on veut, (ils mettent même le jambon sous vide), on passe à la caisse et on est livré gratuitement au bateau. Simple, non ?

Pour les fruits et légumes, et bien c'est pareil, direction le marché, on choisit les fruits, le commerçant va vous chercher ceux qu'il a de plus verts et vous livre tout ça dans l'heure au bateau.

Comme fruits et légumes, an a acheté des tomates, des bananes locales, des pamplemousses jaunes et roses (les roses ne se conserveront pas), des oranges, du chou et des « papas » (petites pommes de terre).

On discute pas mal de la météo car les prévisions météo ne sont pas très bonnes. Du vent et de la mer pendant au moins 10 jours sont annoncés. Ca va remuer mais comme on ne peut pas attendre 15 jours sur place, on décide de partir le lendemain midi.

Météo prévue pour le 12

Le 12 décembre à 13h49 UTC, les amarres sont larguées.

A peine sorti du port, la « machine à laver » se met en route. On est remué dans tous les sens. Merci Scopoderm (patch anti-mal de mer). La nuit on voit l'écume des vagues qui déferlent... pas rassurant du tout les premières fois. Mais Carriacou est un bateau solide et marin, on se sent en sécurité à son bord.

Les quarts s'enchaînent, on se croise, on échange quelques mots, et vite, on va dormir (tenter de dormir est plus proche de la réalité).

Le 14 décembre, la mer se calme un peu et la houle s'allonge. Question vent par contre ça ne faiblit pas (rien en dessous de 20-30 nds). Heureusement que nous sommes au portant.

 

Météo prévue pour le 15

On met l'hydrogénérateur à l'eau pour produire de l'électricité. Le bout livré avec cet appareil ayant tendance à torsader, je mets une vielle écoute bien raide pour le remplacer, mais qui,  dès les premières rotations va s'effilocher : remontée en catastrophe du système et remise du bout d'origine. Tant pis pour les coques sur les cordages,

Au niveau des voiles, on porte la grand-voile (GV)  et le génois, puis lorsque l'on est vent arrière, on porte le  génois et la trinquette « en ciseau », c'est sécurisant car on peut rouler très vite le génois pour ne plus porter que la trinquette. L'inconvénient c'est que le bateau se comporte comme une traction avant dont l'arrière chasserait dans les virages, un coup à droite, un coup à gauche : pour dormir ce n’est vraiment pas l'idéal.

Le 16 décembre, soulagement, la mer se calme enfin un peu bien que le vent reste établi (25 nds). On en profite donc pour se reposer. On ressort la GV plus le génois et la vitesse augmente.

Tout pourrait être idéal, mais les fichiers météo reçus grâce au téléphone satellite annoncent un renforcement du vent dans les prochains jours et surtout une très forte mer.

Pendant les jours suivants, le bateau marche à 5 nds de moyenne, la mer diminue, mais l'on sait bien que cela ne durera pas. On pêche une dorade coryphène qui finira en filets.

Météo du 18

Météo du 21

Sur ce Grib on voit au nord les dépressions qui traversent l'atlantique dans l'autre sens et qui nous renvoient un houle Nord-Sud (pas visible sur ce grib). Ce régime de vent fort et de forte houle croisée par moment va durer 4 jours.

Le 22 décembre, ça y est le coup de vent est là, le vent est fort, la mer encore plus, mais ça ne déferle pas comme aux Canaries. Plus de peur que de mal mais c'est usant.

Le 26 décembre ça y est enfin, un vrai temps de transat : pas trop de mer, du vent, du soleil... et un requin qui mord le leurre de la ligne de pêche et part avec. Pendant un instant, j'ai cru que c'était un gros espadon, mais dans une vague, on a vu la bête qui faisait pas loin de 5 mètres de long.


On ressort la GV que l'on porte haute, le génois est tangoné, et la vitesse fond passe à 6 nds. Royal !

Sous les grains, qui, en définitive, ne font que 10 nds de plus que le vent moyen, on finit par ne plus réduire la grand-voile ; on se contente alors de rouler un peu de génois, on s'économise ainsi une prise de ris au portant toujours difficile à faire.

Le temps est au beau fixe, et le restera jusqu'à la fin. Les pantalons de ciré ne sont plus de rigueur le soir.

Le 27 décembre, c'est une dorade qui part avec le bas de ligne suite à la défaillance du teaser (petit poisson en plastique sur lequel vient se fixer le bas de ligne). Au prix du poulpe en plastique, le poisson revient cher ! Cette perte est vite éclipsée par le plaisir de voir juste dans notre sillage un petit baleineau dont la mère surgira quelques temps après à une vingtaine de mètres du bateau.


Le 28 décembre, après une bonne nuit, je décide au petit matin d'envoyer le spi. Il y a 20nds de vent apparent. Mauvaise idée. C'est trop pour le spi que l'on doit rentrer aussitôt après un beau départ au lof. Aurais-je présumé des capacités du bateau ? Ce même jour on attrape une autre dorade avec le leurre orange.


Le 29 décembre, Alain aperçoit juste à côté du bateau un petit calamar géant qui nageait entre deux eaux. (Note du skippeur : il n'y a que lui qui l'a vu !)

Le 1er janvier, à la tombée de la nuit, la terre est en vue et en plus on attrape un thazard


Le 2 janvier (anniversaire d'Alain), à 8h30 UTC soit 3h30 heure locale Carriacou est amarré au ponton de la marina du Marin.

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Depuis Graciosa, nous aurons parcouru, selon le GPS, 2.971 NM (5.502,3 km).

Un petit rappel historique s'impose, Christophe Colomb a mis autant de temps que nous pour le même trajet : en 500 ans d'écart c'est un peu décevant question vitesse ! On a quand même fait pas loin de 6 nds de moyenne aidé par un vent soutenu.

Durant la transat, c'est le régulateur d'allure (Beaufort - société Asmer à La Rochelle) qui a barré sans discontinuer.


Date de création : 17/05/2015 19:37
Catégorie : Récits de voyages -
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